Situés au cœur du Bois de Boulogne dans le XVIe arrondissement, le parc et les jardins de Bagatelle constituent l’un des quatre pôles du jardin botanique de la ville de Paris.
Ce parc doit son nom à ce que coûta sa rénovation (un million de livres), une « bagatelle ». Le parc est parfois surnommé la « folie d’Artois », la folie étant le nom que l’on donnait à l’époque au type de petit château qui occupe le centre de la cour d’honneur (le terme est à prendre bien sûr dans sa double acception.)
Résultat d’un pari entre Marie-Antoinette et le comte d’Artois, frère du roi Louis XVI et propriétaire du domaine en 1775, Bagatelle surgit miraculeusement de terre en soixante-quatre jours ! En effet, découvrant le domaine en ruines que son beau-frère venait d’acquérir, Marie-Antoinette, moqueuse, lui dit qu’elle comptait bien être reçue en ces lieux à son retour de voyage deux mois plus tard.
Afin de réaliser cet incroyable pari, les plans du site furent dessinés en deux jours par l’architecte François-Joseph Bélanger et plus de neuf cents ouvriers travaillèrent jour et nuit à lui donner corps.
Le paysagiste Thomas Blaikie assura la réalisation dans un style anglo-chinois, très en vogue à l’époque. Il y planta une pépinière et des melons :
« Bélanger mit à l’intérieur des marbres, des glaces, des bains, des jets d’eau rafraîchissants, des meubles clairs et gais ; puis, autour, un jardin semi-anglais, semi-français ; et, dans le parc, tout l’assortiment rococo, sentimental du XVIIIe siècle : temple de la philosophie, pavillon hindou, ermitage, etc., etc. ; beautés de la nature truquées : grottes, cascades, roches, lacs, ponts en bois, tout un Rousseau de clinquant, une fausse nature, en somme, contrastant, jurant avec l’ample paysage formé par le fleuve paisible – alors – qui bordait le parc à l’ouest, par le Mont-Valérien, par les belles collines de Saint-Cloud, de Meudon. Mais on était près de Paris, pas loin de Versailles, bien plus artificiel encore. Et le fleuve si lent, et le Bois si calme, et les collines, et le parc, et Bagatelle pouvaient passer pour un lieu champêtre, pour une véritable Arcadie. »
Adolphe-Louis Leroy.
Mademoiselle Le Maure, cantatrice à l’Opéra, se retira en 1727 à l’Abbaye de Longchamp (dont le visiteur peut admirer les ruines au sein du parc actuel) si bien que, durant la semaine sainte, les Parisiens s’y bousculèrent pour y écouter les chants religieux. Malgré la fermeture au public de l’édifice en 1760 par l’archevêque de Paris, indigné par cette cohue, la vogue de « la promenade de Longchamp » persista. Elle suscita toutes les extravagances : en 1780, la duchesse de Valentinois se pavana en carrosse de porcelaine conduit par quatre cheveux gris pommelés avec harnais de soie rouge.
La Convention décida en 1794 de conserver ce domaine aux frais de la République. Cependant, le château de Madrid, construit par François Ier, et l’abbaye de Longchamp furent démolis.
En 1835, le nouveau propriétaire Lord Richard Seymour-Conway, Marquis d’Hertford, un Anglais fit modifier le château et construire l’orangerie, la grille d’honneur et les écuries. La maison du chef jardinier a fait son apparition sur le domaine vers 1860.
En 1870, son fils Richard Wallace, connu pour avoir dessiné et financé les célèbres fontaines parisiennes, hérita de Bagatelle et fit construire les pavillons des gardes, le Trianon qui abrite aujourd’hui les expositions temporaires et les deux terrasses. Son épouse vendit le domaine à la ville de Paris en 1905.
Depuis 1907, la roseraie du parc accueille un concours international. Le parc abrite quelque dix mille rosiers représentant douze mille espèces différentes.
BIBLIOGRAPHIE :
Afin d’en apprendre plus sur l’histoire du parc et ses magnifiques jardins, vous pouvez vous procurer les deux ouvrages suivants :
Categories: A travers Paris, Parcs et Jardins